Éphémère, miné par un irréductible conflit familial, composé de territoires dispersés entre deux géants, le royaume de Majorque a laissé à Perpignan un titre que l’histoire n’a jamais pu effacer : il a fait d’elle une capitale. Il lui a laissé un palais, royal par définition.
Éphémère, ce royaume ne fut véritablement souverain qu’entre 1276 et 1344. Au-delà, il ne sera plus qu’un fief de la couronne d’Aragon. Dispersés, les territoires l’étaient. Le royaume regroupait en effet les îles Baléares, les comtés du Roussillon et de Cerdagne, la seigneurie de Montpellier. Toutes ces terres n’en étaient pas moins le bien le plus précieux de Jacques II, premier roi indépendant de Majorque, reçu en héritage à la mort de son père, Jacques le Conquérant. Un legs qu’il devra défendre contre son frère aîné, héritier de la couronne d’Aragon, de Barcelone, mécontent de voir son propre legs amputé au profit de son cadet.
Capitale, Perpignan le devient par la volonté de ce premier roi, qui y fait construire sa résidence principale. Lui-même et ses deux successeurs, Sanch Ier et Jacques III, y résideront, transformant la petite ville installée au pied de la colline en une place économique de premier plan.
Mais l’incongruité géographique initiale et les visées hégémoniques des rois d’Aragon auront raison de l’existence de ce royaume. Au gré des batailles récurrentes entre les deux grands voisins et un traité des Pyrénées en 1659 qui marquera l’histoire en consacrant la déchirure, les possessions initiales des rois de Majorque finiront partagés entre la France et l’Espagne.