CINEMA LE CASTILLET
Pourquoi, aujourd'hui, revoir ce film vieux de 85 ans et que tout le monde pense déjà connaître ?
D'abord, parce que Marius, ce sont des dialogues.
Le génie de Pagnol (qui, contrairement à une idée reçue, n'a pas réalisé le film et se contente d'en être le scénariste-dialoguiste) est présent dans chaque réplique.
Au-delà de la qualité précise de ces dialogues, absolument magnifiques et tissés du fil d'or de répliques cultes,
Marius s'impose dans l'histoire cinématographique française comme le film qui va lancer la mode des dialoguistes à la française.
Audiard (père et fils), Aurenche et Bosc, tous sont des enfants de Pagnol.
Derrière son apparente légèreté, Marius est un mélodrame d'autant plus efficace qu'il n'en fait pas des tonnes et qu'il ne tombe pas dans les pièges habituels du mélo.
Il faut voir Panisse parler de sa femme morte, avec ce mélange inouï d'humour et d'émotions.
Les moments les plus émouvants sont ceux où le film échappe au pathos.
Les personnages, surtout le père et le fils, sont tous deux d'une grande pudeur, qui les invite à tourner autour du pot sans jamais rien dire que ce qu'ils pensent vraiment.
Qu'y a-t-il de plus émouvant que ce "Bonsoir mon fils" prononcé avec un amour sincère par un vieux bourru haut en couleurs, et que le regard du fils qui n'ose pas répondre qu'il va partir.
C'est pratiquement là qu'on atteint le paradoxe de Marius : dans ce film aux dialogues très travaillés, l'essentiel se trouve souvent dans les non-dits.
L'émotion naît de ce que l'on retient, de ce que la pudeur n'ose pas affirmer, de ce que l'on masque.
SORTIE REELLE