Sortie réelle
CINEMA LE CASTILLET
LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE
De Mohammad Rassoulof
EN AVANT - PREMIERE
Le cinéma peut-il changer le monde ?
Cette vieille interrogation, voilà qu’un film la ravive.
Un film iranien d’une puissance inouïe, tant en matière d’esthétique que d’action politique.
Une famille de la petite bourgeoisie, à Téhéran.
Un couple, avec ses deux filles, l’une étudiante,
l’autre lycéenne.
Le foyer semble vivre en harmonie. Les parents sont aimants quoique stricts.
Le père, Iman, vient d’être nommé enquêteur au tribunal révolutionnaire.
Il est heureux. Encore une étape à franchir et il pourra devenir juge d’instruction, son vœu le plus cher.
Hélas, ce travailleur zélé déchante vite.
Il se rend compte qu’il est contraint de signer de manière quasi automatique des mandats d’exécution capitale, sans avoir la possibilité d’étudier sérieusement les dossiers.
Il a mis le pied dans un système absurde et violent.
C’est un cas de conscience pour cet homme, certes rigoriste mais moral.
Or il commence son nouveau métier au pire moment pour lui.
Un peu partout dans le pays, les femmes sont descendues dans la rue, protestent et manifestent.
C’est un soulèvement, qui provoque un vent de panique chez les mollahs. Ceux-ci répondent par une violente répression.
Et bam ! voilà que Mohammad Rasoulof balance avec courage toute une série de grenades.
À savoir ces vidéos filmées de manière sauvage qui ont circulé partout sur les réseaux sociaux, révélant les rassemblements massifs de femmes, les conductrices extirpées des véhicules, les matraquages systématiques, un pays au bord de l’embrasement.
Un climat insurrectionnel où l’on entend des slogans forts :
" À bas la théocratie ! À bas le dictateur !
Femme, Vie , Libertés "
Le décés retentissant de Mahsa Amini
Etudiante arrêtée et battue à mort en septembre 2022 pour « port de vêtements inapppriés », est directement évoqué.
Qu’un film soit raccord avec une actualité récente si brûlante et si importante, en intégrant au cœur même de la fiction de tels documents explosifs, est rarissime.
Et l’on n’est pas au bout de nos surprises.
Mohammad Rasoulof a réussi à fuir son pays .
Le réalisateur savait sans doute en faisant ce film qu’il atteindrait un point de non-retour et que ce combat de l’intérieur serait le dernier.
Sans que ce soit un baroud d’honneur, bien au contraire.
AVANT-PREMIERE
LE 29 AOUT A 20H30
Sortie réelle