Pour information
Vernissage le 12 mars a 11 heures
La direction de la Culture de la Ville de Perpignan et Castang-Art-Project ont le plaisir de présenter l’exposition d’art contemporain L’enfer du décor du plasticien Yves Hayat. Dans une autre vie, l’artiste a travaillé dans la publicité. Il a gardé de cette expérience le goût du slogan et de l’esthétique au service d’un discours artistique qui n’a plus rien à voir avec la finalité mercantile des publicitaires flattant notre désir d’absolu, nous amenant à croire que notre bonheur est lié à ce que nous possédons.
Yves Hayat se sert des codes de cet « art » de l’illusion pour les détourner et nous montrer ainsi l’envers du décor… Le revers de la médaille, faite d’or et de lumière sur une face, tachée de sang et assombrie de l’autre par nos pires démons, bien cachés sous le lustre brillant des apparences. Une nouvelle façon d’appréhender le mythe de Dorian Gray, ce personnage d’Oscar Wilde qui commettant
les pires exactions gardait sa beauté angélique, tandis que seul son portrait subissait les outrages de ses excès. Ou comment l’art a le pouvoir de nous révéler tous les secrets, même indicibles, de la nature
humaine
.
Boostées par les réseaux sociaux, les apparences ont pris le dessus, aujourd’hui plus que jamais. Poussés par notre désir de perfection et de bien-être, nous succombons au charme irréel des images sur papier glacé qui nous font rêver de beauté, de luxe, de gloire, de jeunesse éternelle… Amnésie ou exutoire de toutes nos failles, de notre histoire barbare, passée ou présente, niant les fondements de notre condition humaine. La réponse d’Yves Hayat à ce constat ? Manipuler les manœuvres consuméristes, nouvelle religion des temps modernes, en détournant ces objets de désir pour essayer de nous ouvrir les yeux.
Dans ses œuvres, l’illusion est parfaite. La beauté presque intacte de l’objet du fantasme nous attire comme des mouches, nous séduit. L’artiste se sert de cette attraction pour délivrer son message,
y insuffler une nouvelle matière : la conscience.
Les leçons du Pop Art et des ready-made sont présentes dans cette démarche artistique. Yves Hayat utilise l’image d’objets de consommation, désacralise le statut de l’œuvre d’art en déviant le sujet d’origine à coup de logos ou de slogans/titres pour en modifier le sens. Mais lui s’attaque à tous les sujets sensibles, intemporels ou actuels. Il dénonce et nous questionne sur la guerre, la violence, la religion, la misère, la vieillesse, la mort, notre société et la consommation, le lobbying, l’affairisme,
les nouvelles technologies et le pouvoir grandissant des GAFAM, ces géants du web qui nous fontcraindre pour nos libertés.
Dans ce monde des illusions, la beauté de l’œuvre demeure en dépit des thèmes abordés. La transparence du discours de l’artiste, basée sur des codes que nous maîtrisons tous, fait écho à celle du plexiglass qui emprisonne les œuvres, les rendant brillantes, inaccessibles, arborant le vernis du luxe. Cette dualité entre la forme et le fond du sujet a une double importance : Nous charmer dans
un premier temps pour nous amener doucement à réfléchir.