Je sais

Je sais du bleu qu'il ne va qu'aux roses

Et que les larmes n’ont pas le sel

De ces jours qui rallongent

Je sais de la Terre qu’elle se fige

Quand on ne saisit de l’horizon

Que la courbure d’acier

Je sais combien la glace brûle

Dans les yeux de ceux

Qui ne la voient qu’en prière

Je sais des songes qu'ils tuent

Les lendemains d’espoir

Et l’incandescence des rires

Je sais de l’ivresse qu’elle craint

L’écume des astres morts

Quand le vent crie et court

Je sais des chemins de ronde qu'ils flottent

Dans l’évanescence des sommeils

Et des tourbillons qui s’effondrent

Je sais de la pluie qu’elle ne ruisselle

Que pour mieux se faire oublier

Des cœurs et des rouges archipels

Pourtant, je ne sais pas pourquoi,

Dans mes silences

L’insaisissable rien qui me pousse vers toi

Résonne plus fort

Que tous les cris de guerre

Que tous les cris d'espoir.